As de Pique (Les Garçons Dépravés du Pays des Merveilles t. 1) (French Edition) by Jekka Wilde

Auteur:Jekka Wilde [Jekka Wilde]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2025-01-04T00:00:00+00:00

Chapitre

Huit

CHESS

Je gardais un œil protecteur sur Alice tandis qu'elle, le Chapelier et moi traversions le paysage bizarre du Pays des Merveilles. Grâce à la folie de la Reine Rouge qui avait dépassé le point de non-retour, notre environnement était devenu une parodie tordue du monde que nous avions toujours connu.

Je m'étais habitué à la pourriture et à la décrépitude perpétuelles qui infectaient le pays comme une maladie. Mais même les démons comme moi apprécient le soleil et les arcs-en-ciel de temps en temps.

Pourtant, je ne me souvenais plus de la dernière fois que j'avais vu les rayons du soleil caresser un jardin en pleine floraison, et j'avais oublié à quel point je languissais de voir de telles choses.

Jusqu'à ce que je rencontre Alice.

Elle était une explosion de couleurs dans notre misérable monde gris, ramenant à la vie tout ce qui l'entourait... qu'elle le sache ou non. Et j'en voulais plus.

Tellement plus.

J'observais ses jambes bien galbées enjamber les racines noueuses et difformes des arbres tandis que les branches s'étendaient comme les bras d'âmes tourmentées. Les ombres semblaient danser autour de nous et se tordre de manière anormale. J'étais de l'éther — j'étais habitué à de telles choses. Mais c'étaient les créatures de cette forêt qui défiaient vraiment la logique : c'étaient des amalgames grotesques de cauchemars et d'animaux, créés avec quelques yeux de trop ou pas assez de membres. Elles rampaient ou se faufilaient juste au-delà de notre chemin.

— Chess, qu'est-ce que c'est exactement ? demanda Alice, sa voix mêlant curiosité et malaise tandis qu'elle pointait du doigt une paire de bêtes monstrueuses. Elles étaient en partie reptile et en partie arachnide, leurs écailles brillant presque sous une couche luisante de bave visqueuse et venimeuse.

— Ah, ce seraient des écailles-rampantes, répondis-je avec un sourire narquois, bien que je puisse voir qu'elle n'était pas amusée. Mieux vaut ne pas les toucher, ma chère. Leur morsure est... désagréable.

— Tout dans cette forêt semble désagréable, si vous voulez mon avis, intervint le Chapelier, ses yeux dépareillés et fous passant d'une ombre déformée à une autre. Je pouvais voir que sa folie commençait à s'insinuer dans son cerveau, mais je gardais le silence à ce sujet. Parfois, attirer l'attention sur quelque chose, même l'absence de quelque chose, ne faisait que le rendre plus puissant.

J'avais besoin que le Chapelier soit au meilleur de sa forme pour nous aider à trouver l'Épée Vorpale.

Jusqu'à présent, nous n'avions même pas trouvé l'entrée du labyrinthe.

Alors que nous continuions notre chemin, une sensation désagréable s'installa sur nous comme un épais brouillard. C'était indéniable — nous étions observés, et probablement suivis. Je jetai un regard en coin à Hatter, et il croisa mon regard d'un air entendu.

— Tu le sens aussi, n'est-ce pas ? me demanda Hatter, d'une voix basse et prudente.

— Sentir quoi ? demanda Alice. Mes reins s'agitèrent à sa question innocente. Malgré ses frasques dépravées de la veille, elle avait encore beaucoup à apprendre.

Tellement à apprendre.

J'avais hâte de lui enseigner, une fois que nous serions en sécurité et hors de danger.

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